De deux choses lune l’autre c’est le soleil • Paroles, Jacques Prévert, éd. Gallimard, 1949, Le paysage changeur, p. 87
Chez l’enfant, l’inconscient aurait-il quelque chose à nous dire ? À croire notre Antoine il aurait même tout compris de travers et ceci ne cesserait pas de le travailler dans son intérieur. Ce jeune patient de sept ans penserait le monde dans une opposition cardinale telle que : la vie, la mort, et s’exprimerait dans un symbolisme universel avec Dieu et Diable tel que : p et q et de telle façon que : p implique q. La question qui traverse de part en part cette observation, est celle d’un enfant de 7 ans pris dans un monde dichotomique, un monde qui aurait fait l’objet d’une vision binaire, ce qui serait en accord avec les théories modernes de l’information telles qu’elles fonctionnent aujourd’hui. Par exemple, je vous l’annonce avant comme une provocation : Est-ce que le ressort de cette histoire ne serait pas cette phrase du père au moment de la séparation du couple, phrase qu’il aurait dite à son fils, phrase rapportée par la mère « Toi et moi c’est une histoire finie » ? Dont « l’analyse serait infinie ». Antoine est le fils unique d’une mère qui s’est séparée de son mari quand il avait 2 ans et 8 mois. Le couple avait déjà 14 ans de vie commune et leur séparation s’est faite plus ou moins à cause de l’enfant. Mais venons à cette observation. C’était en janvier 2000 au CMP. J’ai reçu ce jeune Antoine âgé de 5 ans avec son père et sa mère. D’emblée, l’entretien porta sur l’abandon, la peur d’Antoine d’être abandonné avec des : « Tu m’oublieras pas ? » « Tu viendras me chercher ! » « On rentre bientôt à la maison ? ». Le père après le divorce s’est senti rejeté par son fils. Le père résumait l’ambiance de sa vie de couple par cette diagonale : à peine géniteur à côté d’un trio infernal : sa femme, sa belle-mère et sa belle-sœur. Ce premier entretien fut sans lendemain. La mère a sollicité une nouvelle consultation 2 ans et 8 mois plus tard pour cette fois un autre problème. Nous étions en septembre. J’ai vu entrer la mère qui tirait son fils par la manche au milieu d’un dialogue : – Pourquoi on doit y aller ? J’ai pas envie… Tous les mois ; disait Antoine. – Toutes les semaines ; disait la mère. – J’ai pas envie ; répétait Antoine. La mère excusa l’enfant pour cette entrée en matière par un : « Vous comprenez, il est timide… », avant de me déposer sur le bureau l’histoire suivante : – Cet été, au cours d’un séjour en Tunisie dans un hôtel, nous avons rencontré un couple sans enfant. Antoine était très désagréable. L’homme a pris à part Antoine, sans doute pour le raisonner et a rapporté à la mère la chose suivante : Si Antoine se comportait comme ça c’est que, entendez bien : « le diable le forçait ». – Antoine – disait la mère – a eu un changement de comportement lié à l’attitude de son père : Il veut tuer sa mère ! – Antoine : C’est pas vrai. J’interroge Antoine par un : Tu l’as dit ? Il répond par un : – J’sais pas pourquoi j’l’ai dit ! ! ! Dans l’entretien, Antoine confirmait : – Des fois l’Diable m’oblige à faire des bêtises, frapper les autres, pousser. I’m’parle dans ma tête, I’m’dit fait des bêtises… Aller tu vas tuer quelqu’un. C’est pas une voix comme toi et moi… Cette voix c’est des mots. – Antoine : Des fois j’me fais punir à l’école et des fois j’ai peur… (Au bord des larmes). Des fois ma mère… Heu… Ben… É’m’dit d’pas faire de bêtises ! Le diable il m’oblige à la faire… J’veux plus voir mon père… J’sais pas pourquoi… Il m’a puni. – Le psychiatre : Ah bon ? – Antoine : J’voulais pas aller quelque part avec lui, il m’a obligé… À Bricorama… J’aime pas… On reste trop longtemps… (Pause). – Ah qu’est-ce que j’ai d’autre ? Des fois, j’m’embête. J’peux pas m’empêcher, mais il dit d’écouter à chaque fois… J’ai quoi d’autre ?… C’est tout. – Le psychiatre : C’est tout ? – Antoine : Ouais. – Le psychiatre : C’est la première fois que tu en parles ? – Antoine : (des larmes dans les yeux) Ouais ouais… À l’école des fois les copains sans qu’j’les frappe, i’m’frappent.
Antoine, le psychiatre. (Huit jours plus tard).
Antoine : Des fois, à l’école j’suis dans la lune et heu… Qu’est-ce que j’ai – ?! Il faut marquer là qu’il est tout à fait impossible d’attribuer un statut à ce bout de phrase, question, affirmation, je ne sais pas. Ben… Aussi. Quand j’veux faire quelque chose y a quelqu’un qui m’empêche, qui m’interdit or que c’est pas une bêtise… C’est dur !!! Dès fois quand je suis constipé, j’ai peur de faire caca… Maintenant j’y suis plus… C’est plus grave… Ah oui… Des fois les chats sans que j’leur fasse mal ils me griffaient. C’est tout. Non, une dernière chose. J’sais pas pourquoi la maîtresse, elle me gronde et j’ai rien frappé. Faut qu’ça m’énerve beaucoup beaucoup, pour que j’frappe. J’ai oublié un truc, quand j’fais d’la trottinette, quand j’fais quelque chose que j’sais faire, le diable, il dit : tombe ! Et j’tombe. J’tombe, je saigne des fois, mais j’ai jamais mal.
Antoine, le psychiatre. (Huit jours plus tard, le 10 octobre). – Antoine : J’commence ?… J’commence ! Des fois quand la maîtresse explique des exercices, j’ai la tête dans la lune. Il dit des fois d’embêter les copains et aussi quand j’ai envie de jouer avec les copains j’deviens fou et j’leur fais mal… Ah oui quand j’montre mes cartes à mes copains, on veut m’les voler… Ah voilà, chez ma tante des fois c’est toujours avec le diable, mais des fois, c’est avec dieu. Il tombe du ciel. Il rentre dans ma tête. C’est normal, c’est des esprits. Ils tombent partout. – Le psychiatre : C’est pour tout le monde la même chose ? – Antoine: Oui, pour les adultes aussi ! Ils veulent tuer leur femme des fois !
Antoine, le psychiatre. (Huit jours plus tard, le 17 octobre). Antoine : J’ai presque tout oublié c’que j’ai à vous dire. À l’école j’travaille pas, comme ça. (Il se croise les bras). J’réfléchis. Quand ma mère et moi on est dans la rue, j’traverse comme ça, sans regarder les voitures et c’est encore le diable qui m’dit d’faire ça. Ça m’dit rien, j’aime pas. Le diable, il parle tout l’temps avant dieu… J’suis obligé d’le faire. Quand j’étais p’tit, j’me rappelle, Jules et moi, y’avait une moto en plastique. Le diable : Montez tous les deux sur la moto en plastique ! Lui il s’est fait mal dans l’dos et moi j’me suis cassé la clavicule. J’étais pas bien, j’ai très mal. C’est comme s’il avait des bras et qu’il nous tenait comme ça et qu’il nous soulevait sur la moto. Jules c’est mon copain, lui il n’arrête pas de faire des bêtises. Ah, j’me rappelle d’autre chose. Des fois, ma mère et moi on s’gronde, j’lui parle des mots sans raison, et j’l’insulte… C’est encore le diable. – Le psychiatre : Elle ne doit pas être contente !? – Antoine : Elle m’donne des claques. C’est tout. Il sort et va chercher sa mère.
La mère, le psychiatre. – La mère : Y-a pas beaucoup d’amélioration ! À l’école il est toujours aussi puni, turbulence, taper tout le monde. À la maison, il est difficile, il m’a traité de grosse vache.
Antoine, le psychiatre. (Huit jours plus tard, le 7 novembre).
– Antoine : Au centre aéré, des fois, j’ai peur que ma maman s’fasse écraser. Des fois j’pars tout seul dans l’noir (la nuit) avec Jules mon copain. Maintenant mes copains, ils m’bagarrent. Et aussi quand j’mange quelque chose que j’veux plus et qu’j’aime pas, j’fais des gestes comme ça (il agite les mains). – Le psychiatre : Ça fait penser à un oiseau ? – Antoine : Ouais !… Quand j’étais petit, avant d’aller à la crèche, j’pleurais… tous les jours, j’aimais pas la sieste, j’avais deux ans. – Le psychiatre : Et Jules ? – Antoine : C’est mon copain, y a qu’lui pour jouer chez moi, c’est mon voisin… On fait des bêtises ensemble… C’est à cause du diable. – Le psychiatre : Il le sait lui ? – Antoine : Non, moi j’le sais, lui, il le sait pas.
La mère, le psychiatre. – La mère : Antoine a dit que son père était conducteur d’une voiture de formule 1, qu’il s’invente des histoires. Un an ou six mois après qu’son père l’ait rejeté, il disait qu’son père était mort. C’est passé un peu et là ça revient. Toujours peur qu’sa mère disparaisse.
Antoine, le psychiatre. (Huit jours plus tard, le 14 novembre). – Antoine : À l’école c’est toujours la même chose. Les billes… les filles m’embêtent et après c’est moi, et aussi j’en ai marre d’être un vilain garçon. Ya des gens qui m’parlent, j’réponds pas et on est obligé de me crier d’ssus pour que j’réponde… Mais pas souvent. Le 11 novembre ça c’est mal passé au centre aéré. Des fois avec maman quand on fait les devoirs, on s’parle pas bien, j’lui réponds et elle me donne des fessées… J’résiste aux fessées.
. La mère, le psychiatre. – La mère : Antoine n’aime pas quand je vous vois, il a toujours la hantise que je parte. On a été chez son parrain, il s’est moqué de lui pour ça. Il n’arrivait pas à dormir de peur que je ne le laisse. Il a fallu que je lui donne mes clés de voiture pour qu’il soit sûr. Il dit : les filles “ j’les bagarre ” C’est à la suite de cette séance que la mère d’Antoine n’est plus venue accompagner son fils. Aucune réponse à mes relances. Nous nous sommes rencontrés une fois quelques mois après et elle a bien voulu me confier sans vouloir me faire de peine qu’elle estimait que cette façon de travailler avec Antoine ne lui convenait pas, qu’Antoine était toujours aussi dissipé, qu’il n’avait pas fait de progrès.
Si la clinique psychanalytique est la clinique psychiatrique, la mère nous rapporte un épisode inquiétant avec des éléments de crainte et de jalousie au cours du voyage en Tunisie. Les éléments relatés par la mère et confirmés par l’enfant nous poussent dans un diagnostic d’hallucination auditive. Les propos rapportés sont un peu abrupts. Un mot peut-être sur la prosodie de cet enfant. Il a un propos saccadé, peu compréhensible avec des mots entrecoupés d’une respiration qu’il reprend à l’emporte-pièce, des apnées, des heu, une sorte de bégaiement respiratoire plus que phonétique qui rendait sa parole difficile à suivre et que j’essayais parfois vainement de normaliser par des : Comment, Ah, Oh, qui ne changeaient pas grand-chose sauf à lui faire ouvrir de grands yeux. Pas de réelle dysphasie mais manifestement une absence de ponctuation, de nombreuses incises et des modifications de ton sans rapport avec le propos. Ses pauses ressemblaient à celles que fait un technicien qui donne une information à un profane. Il est indéniable qu’Antoine n’est pas sans savoir, certes, mais sa façon de s’exprimer laisse entendre qu’il ne cesse de supposer l’existence d’une autorité, d’un Diable ou d’un Dieu, qui serait organisateur de ce savoir, que ce savoir serait bien plus étendu qu’on pourrait le croire, que c’est au prix du doute, entendez là, de la mise en suspens du sens comme disait Lacan : “une ponctuation heureuse qui donne son sens au discours”, qu’un travail m’a semblé possible. Cette histoire rappelle le mythe d’Œdipe à sa naissance, le mythe de l’enfant exposé parce que frappé d’une malédiction. Lacan, dans sa remarque sur le rapport de Daniel Lagache rappelle que l’enfant « avant que d’exister en lui-même, par lui-même et pour lui-même, l’enfant existe pour et par autrui ; qu’il est déjà un pôle d’attentes, de projets, d’attributs », c’est-à-dire de signifiants. « Cette voix c’est des mots » avait-il dit. La question est : Quel peut être le statut d’un tel phénomène ? Est-ce un phénomène élémentaire au sens psychiatrique du terme ? Doit-on appeler cela : automatisme mental ? Ce n’est peut-être pas un discours. Ce sont des ordres tels ceux que les adultes en donnent aux enfants et où il ne lui reste plus qu’à obéir, sans toutefois accorder un quelconque statut à ce qui est dit, sauf à chercher à lui assigner une origine. La conséquence est et tend vers une mécanisation de l’être même s’il n’est pas, à notre grande surprise, dans l’attente anxieuse de ce qui lui vient. Si la psychiatrie dite classique met l’accent sur le caractère sensoriel du phénomène hallucinatoire, Freud dans ses « Études sur l’hystérie » lie les hallucinations au rêve et au souvenir en distinguant les processus primaires et les processus secondaires. Chez Antoine (Le Saint que l’on invoque pour la recherche des objets perdus), c’est comme si sa machine à souvenirs, n’était pas en place et que le souvenir du processus primaire qui est toujours hallucinatoire n’avait pas pu se transformer en une représentation, celle à l’œuvre dans le processus secondaire. Antoine serait à parcourir cette bande de Moebius elle-même, dans sa trame et non pas comme s’il se baladait dessus comme une surface qui, pour le coup, aurait en toute apparence un dessus et un dessous. Pour tout dire, l’hallucination comme obstacle au souvenir, ou l’hallucination comme souvenir. Comme nous rapporte sa mère, dès qu’elle s’éloigne, qu’elle n’est plus là, il est perdu si elle n’est pas « à portée de ses yeux ou de ses oreilles ». Antoine doit pressentir dans son for intérieur que ses parents, à la moindre occasion, à la pêche, en descendant les ordures veulent l’abandonner, d’ailleurs ils sont déjà séparés, et donc, il faut qu’il les ait à portée des yeux ou de la voix. Deux objets « a ». Manifestement, il y a les objets voix et regard. Nous pouvons éliminer une écholalie ou un psittacisme, (perroquet). Si Ça parle et ça commande, ça ne l’implique pas dans la parole mais dans l’acte et si, dans le voyage en Tunisie l’adulte un peu surpris par son langage ne l’avait pas interrogé en aparté il n’en aurait peut-être rien dit. Les mots qui lui viennent ne sont pas impliqués dans sa parole, ce sont des mots, Antoine ne manifeste pas le désir d’être maître de sa parole. Chez Antoine il y a du S1 qui donne du S2 et il est assujetti à la suite des S qui lui font signe, des voix sans issue. À dire Dieu ou Diable, il fait advenir le symbole, le genre, même si à première vue les découpes pertinentes des mots se font mal. À l’école, il est plutôt dans le rang des souffre-douleurs et s’il provoque les autres enfants, plus les filles que les garçons, après il ne se défend pas. Il ne cherche pas la parole, il cherche le lieu où il y aurait abolition de toute distance entre la pensée et le faire, entre lui et l’autre, l’Autre le Diable. Il est l’acteur qui évacue sur le mode abréactif l’idée qui lui passe par la tête sans chercher de lien. Tout laisserait à penser qu’il n’a comme interlocuteur que ce personnage désincarné : Diable, tout en remarquant qu’il n’y a pas dialogue, il est investi d’une mission dont il prétend ne rendre compte à personne et il n’est pas certain que Diable, si Diable il y a, le voit, le sait. Il n’y a aucun retour du Diable, il n’y a que des ordres, même pas des invectives. Pour tout dire, les adultes n’ont remarqué Antoine que dans ses comportements car, tout-à-coup, Antoine accomplissait l’ordre et semait le désordre. Si aussi, il se fait punir par ses maîtres, c’est surtout pour la richesse de son vocabulaire outrancier, cette richesse à la Audiard n’étonne pas, mais le met au ban de sa classe. Ceci vient envahir ses propos à la maison. Antoine reste dans une position infantile, dans une idée de toute puissance qui le mettrait dans un au-delà de la mort, une méconnaissance de la mort. Ce n’est pas une entrée dans la mystagogie, un mot qui commence comme mystère et se termine comme pédagogie, une conjugaison sur le point de…, le point zéro (l’aoriste), l’acte sans référence à sa durée, un être en train de laisser. Ce Diable est-il un père, celui du paranoïaque, celui d’un double ? La démarche de la mère vers un CMP peut-elle laisser croire qu’elle cherche pour son Antoine une restauration ou une instauration d’une image paternelle, ou quelque rafistolage possible pour qu’Antoine accepte de revoir son père sur un mode moins conflictuel ? Antoine dit de son père qu’il conduit une formule 1, il dit aussi qu’il est mort. Assistons-nous là à ce que Lacan (Écrits, p. 579) évoque des “effets ravageant de la figure paternelle (…) dans le cas où le père a réellement la fonction de législateur ou s’en prévaut “. Rien n’est moins sûr. Nous pouvons donc avec sérénité écarter le diagnostic de paranoïa. Pourtant chez ce petit Antoine il y a une logique persécutrice dont il est le perdant. Il n’investit pas pour autant la lutte des faibles contre les forts ou un quelconque autre scénario simplificateur et antagoniste. Il reste sur le mode un peu perplexe, celui du doute même si nous entendons Dieu et Diable. La suite de l’histoire vous ne la connaîtrez pas car la mère, au bout de quelques séances n’est pas revenue nous voir avec son fils, elle a trouvé un autre thérapeute, quelqu’un qui garderait son fils plus longtemps en entretien, c’est le cas de le dire, un temps décent. Elle a sûrement aussi accédé à la demande de son fils qu’il a d’emblée exprimé, rappelez-vous : – Pourquoi on doit y aller ? – J’ai pas envie ! – Tous les mois ! – J’ai pas envie d’y aller…
En conclusion. Les hallucinations chez l’enfant de cet âge-là restent rares et quand elles existent, seules leurs persistances dans le temps signent une entrée possible dans la psychose. Chez Antoine le point inquiétant restait dans l’ébauche d’une construction d’un délire autour des remarques pour le moins pertinentes avec son ami Jules.
Il y a quelques années déjà nous aurions évoqué l’entrée dans une dysharmonie évolutive (Mises). Mais là encore le temps ne nous a pas permis de cerner l’évolution. Antoine éprouve bien des sensations anormales mais il ne présente pas de phénomène de transmission de pensée. Dieu comme Diable ne viennent pas lui dérober sa pensée, pas de télépathie, pas le plus petit sentiment d’étrangeté, le « heim » est épargné. Antoine éprouve des choses, il nous rappelle La Mettrie (1748) et son homme machine et Voltaire disait de lui : « C’était un fou et sa profession était d’être fou » (cité par P.-L. Assoun dans la préface à l’homme machine). Il est vrai que cet homme avait arrêté la théologie pour faire la médecine. Antoine n’a jamais présenté au cours de nos entretiens une quelconque attitude d’écoute de même qu’il ne nous a pas donné l’impression d’être désigné par Dieu ou par le Diable. Tout au plus était-il embêté de se trouver puni pour les actes qu’il fait sur commande.
|