WEB’ SEM’ du Collège de Psychiatrie

 Pour une écologie du lien social ?

ÉTUDE DE LA PHOBIE :

d’une lecture freudienne du mythe à une lecture structurale lacanienne

Josiane Froissart

D’une lecture freudienne à une lecture structurale lacanienne de la phobie : que pouvons-nous en conclure ?

Nous nous appuierons pour déplier nos questions sur la clinique freudienne de «l’analyse d’une phobie chez un petit garçon de 5 ans : le petit Hans »

Je rappellerai brièvement les conditions particulières, qui ne sont pas sans poser de problèmes, de la mise en place de cette cure menée par le père de l’enfant qui est un proche de Freud participant aux réunions de la société du mercredi soir et dont la mère est une analysante de Freud. 

Quel est l’objectif de Freud ?

Il s’agit pour Freud de vérifier ses théories sur la sexualité infantile qu’il a élaboré à partir du matériel clinique qu’il a recueilli dans les  cures d’adultes.

A partir des notes que prend le père de Hans, Max Graf, Freud va faire la supervision de la cure de Hans.

Disons tout de suite que c’est dans les mythes que Freud recherchera des modèles pour la psychanalyse.

Il articulera la psychanalyse à la mythologie en interprétant le mythe d’Œdipe par la psychanalyse, mais il pourra inversement avoir recours au mythe pour déchiffrer et comprendre les formations de l’inconscient (cf. Schreber).

Cette cure va permettre à Freud de valider sa conception du complexe d’Œdipe qui était déjà en gestation dans les « 3 essais sur la théorie sexuelle ».

A cette époque (1913) Freud s’interroge sur « qu’est-ce qu’un père ? Il transcrira ses réflexions  par le mythe de « Totem et Tabou » où le père est celui  d’avant l’entrée dans l’histoire, celui qui est mort et qu’il en est d’autant plus vivant qu’il est mort (il aura été tué pour être conservé, pour rester vivant).

La psychanalyse va donc engendrer des mythes : le mythe des origines de Totem  et Tabou, le mythe d’Œdipe qui rend compte de la structuration du désir et de l’origine de la loi.

A un moment de la cure du petit Hans, au cours de la seule rencontre qu’il aura avec l’enfant, Freud lui énoncera le complexe d’Œdipe, mythe fondateur de la psychanalyse et en faisant le détour par la mythologie grecque, il en montre le caractère universel (tous les êtres humains y compris les femmes ont un pénis cf. les hermaphrodites de l’antiquité). Nous y reviendrons.

Les théories sexuelles infantiles vont nous permettre de comprendre les mythes, en établissant une correspondance entre le matériel inconscient et les thèmes utilisés dans les mythes.

 Les théories sexuelles infantiles sont des fomentations mythiques 

Revenons à l’étude du petit Hans qui nous montre comment Hans va produire, en réponse aux interventions du père plus ou moins suggestives, une floraison de récits imaginaires, de fantasmes, de rêves, de mythes qui viennent illustrer ses théories sexuelles c’est à dire sa façon d’envisager ce qui se passe entre un homme et une femme, sa façon de fantasmer la différence des sexes voire de la nier aussi bien chez la fille que chez le garçon, sa façon de se poser la question de l’énigme de la naissance bref toutes les théories construites à partir des objets de la pulsion.

(La pulsion orale concernée par l’activité sexuelle; la pulsion anale dans la naissance de l’enfant par l’anus ; la pulsion scopique : la graine va dans l’œil de maman……)

Hans est très intéressé par son wiwi-macher persuadé que c’est le lot de tous, il demande à sa mère : « As-tu un fait pipi ? »

 – « Mais oui, répond- elle ! »

A la naissance d’Hanna, il est étonné que son fait pipi est si petit mais il lui dit de ne pas s’inquiéter, qu’il va pousser !

Ce qui l’intéresse par-dessus tout à ce moment-là c’est le phallus, phallus dont l’existence organise son monde entre ceux qui en ont un, y compris sa mère et sa sœur, et ceux qui n’en ont pas, bref la chaise, la table. Le monde est divisé entre l’animé et l’inanimé.

Le mythe est un savoir qui tente de dire une vérité face à l’impossible.

Mais la naissance de la petite sœur amenée par la cigogne, va le déloger de sa place phallique par rapport à sa mère et va renforcer son angoisse d’être laissé en plan.

Il perd sa place métonymique de phallus maternel, phallus qu’elle n’a pas et n’aura jamais.

La naissance de sa petite sœur et le fait que son pénis réel entre en jeu, qu’il se masturbe, que sa mère le menace de le dire au docteur qui lui coupera, il y a là le surgissement d’un réel qui n’obéit pas aux règles du jeu imaginaire.

Freud nous dit que l’angoisse vient du refoulement de la pulsion sexuelle.

Tout cela fait qu’il passe d’une situation heureuse où il n’a aucun complexe de castration à l’angoisse puis à la phobie.

Devant les chevaux, il ne s’agit plus d’angoisse mais de peur, peur qu’ils mordent, tombent,……. Signifiant qui vaut pour beaucoup de configurations différentes.

Remarquons déjà pour annoncer la lecture lacanienne de la phobie que ce signifiant «cheval» n’est pas anodin, Hans va chercher le signifiant du professeur Freud pour se constituer sa phobie des «Pferd» (chevaux).

S’agit-il d’une détermination signifiante ou d’une détermination imaginaire? Rappelons que Freud avait offert à Hans un cheval à bascule.

(« Le signifiant symptomatique du cheval est un signifiant à tout faire » Lacan)

Nous pourrions faire les mêmes analyses pour le signifiant girafe : 

la grande girafe : le père, 

la petite girafe chiffonnée : la mère, mais aussi la mère et Hanna, le père et la mère… rappelons que le patronyme de Hans est Graf donc très proche de Giraf. Cette production de l’inconscient n’est pas sans révéler son lien de filiation.

Après ces quelques apartés lacaniennes revenons à l’analyse freudienne.

On arrive au moment où Hans rencontre Freud qui lui assène son complexe d’Œdipe. « Bien avant qu’il ne vint au monde, déjà j’avais su qu’un petit Hans naitrait un jour qui aimerait tellement sa mère qu’il serait par la suite forcé d’avoir peur de son père et je l’avais annoncé à son père. »

Certes cette interprétation est explicative mais elle utilise le futur antérieur : bien avant qu’il ne vienne au monde, le sujet était déjà là désirant dans le désir de l’autre. (bien avant…. déjà,  on est dans une structure de double boucle).

Pour Freud la phobie de Hans est produite par un conflit œdipien : l’envie de l’enfant d’être avec sa mère et la rivalité mais aussi l’amitié avec le père.

Pour Freud il y a un rapport entre le symptôme de la phobie et l’Œdipe.

Le conflit entre l’expression d’une pulsion sexuelle et le refoulement qui se produit du fait de la répression éducative est à l’origine de la névrose.

Mais Freud est dans l’erreur : Hans n’a pas affaire à un père réel qui châtre.

Le père via Freud ou Freud lui-même vont donner du sens, vont faire à Hans des interprétations explicatives au niveau imaginaire.

Lacan sera en rupture avec Freud.

Lacan va réinterpréter le texte freudien du petit Hans à la lumière de la linguistique structurale et de l’anthropologie lévi-straussienne : le mythe sera ce qui donne forme épique à la structure.

Lacan dira qu’il est très redevable à Levi Strauss, et pour comprendre comment, Lacan va faire une relecture de Freud, je vous propose de réfléchir sur le chapitre « La structure des mythes» (1955 ) dans « L’anthropologie structurale » de Levi Strauss où il aborde ce qu’il appelle la formule canonique du mythe (la relation d’objet est de 1956).

Levi Strauss va énoncer la formule canonique du mythe qui est une formule mathématique selon les différentes étapes du raisonnement en mythologie structurale se référant au paradigme linguistique et musical.

S’appuyant sur de Saussure, Levi Strauss va utiliser la méthode structurale, celle des linguistes, consistant à détacher les sons de la langue de toute signification (puisque le même son dans différentes langues peut avoir des valeurs sémantique différentes) et ne considérer la valeur des sons que par les relations qu’ils entretiennent, avec cependant la restriction que ces unités élémentaires (qu’il appelle grosses unités constitutives ou mythèmes) donc avec la restriction que ces unités élémentaires ne sont pas équivalentes aux phonèmes, morphèmes et sémantèmes. Ces mythèmes sont identifiés par l’établissement d’une fiche par phrase mythique avec pour chaque évènement un n° correspondant à sa place dans le récit. Il établit alors une cartographie comparative des différentes phrases mythiques.

(Remarquons en passant comment Lacan s’est inspiré de Levi Strauss pour parler de l’antériorité de principe du signifiant sur le signifié.)

D’ailleurs Lacan reconnaitra qu’il doit beaucoup à Levi Strauss et la notion de mythe individuel du névrosé ainsi que l’idée que l’inconscient serait structuré comme un langage viennent de son article sur « l’efficacité symbolique » que l’on peut lire dans « l’anthropologie structurale ».

Revenons au mythe. Donc si le mythe a un sens, celui-ci ne tient pas aux éléments isolés qui entrent dans leur composition mais à la manière dont ces éléments se trouvent combinés.

Le mythe utilise l’outil du discours pour se construire.

«Le mythe fait partie intégrante du langage, c’est par la parole qu’on le connait : il relève du discours. »

Venons-en maintenant au paradigme musical.

Levi Strauss se réfère alors à un modèle musical pour rendre compte de l’ordonnancement temporel c’est à dire la diachronie, le modèle linguistique étant synchronique en rappelant qu’une partition d’orchestre où chaque groupe d’instruments contribue au message total et doit être lu diachroniquement.

(Pour Levi Strauss, Wagner est le père irrécusable des mythes, son système de leitmotivs commentant musicalement l’action.)

La musique est une forme de pensée symbolique, ce qu’il énonce ainsi « la musique c’est le langage moins le sens » Levi Strauss.

Nous dirons que la combinatoire synchronique (c’est à dire les relations entre les mêmes unités élémentaires se répétant au long du mythe) et diachronique (c’est à dire la séquence temporelle de ces unités suivant le déroulement du mythe) se déchiffrent comme une partition musicale permettant d’identifier l’harmonie du mythe.

Il va interpréter le mythe d’Œdipe en concluant qu’il permet de reconnaitre que chacun de nous est réellement né de l’union d’un homme et d’une femme. Je le cite « le mythe d’Œdipe offre cet instrument logique qui permet de jeter un pont entre le problème initial à savoir : nait-on d’un seul ou bien de deux? Le problème dérivé qu’on peut formuler ainsi : le même naît-il d’un seul ou bien de deux ? »

Il n’y a pas à rechercher la version authentique du mythe mais le mythe est défini par l’ensemble de toutes les versions, de toutes les variantes.

Levi Strauss dira : « Freud sera rangé au nombre de nos sources du mythe d’Œdipe »

On soumettra l’ensemble des versions à des opérations logiques, et par simplifications successives, on en dégagera les éléments  invariants et on aboutira à la version structurale du mythe considéré.

Je le cite: « L’objet du mythe est de fournir un modèle logique pour résoudre une contradiction.»

Je vous lis sa conclusion de ce chapitre : « Peut-être découvrirons-nous un jour que la même logique est à l’œuvre dans la pensée mythique et dans la pensée scientifique et que l’homme a toujours pensé aussi bien. »

(S’agit-il d’une remise en question de la notion de progrès ?)

Nous dirons donc qu’un mythe est un récit, une histoire qui cherche à rendre compte à la fois de l’origine des choses, des êtres, et du monde, du présent et de l’avenir et simultanément à traiter les problèmes qui nous sembleraient aujourd’hui à la lumière de la pensée scientifique tout à fait différents les uns des autres, à les traiter comme s’ils étaient un seul problème et avaient une seule réponse.

Lors d’un interview à la fin de sa vie Levi Strauss définira ainsi les mythes :

« Ce sont les histoires que les gens se racontent et qu’ils considèrent comme n’ayant pas d’auteur, non pas qu’elles n’en aient pas, mais parce que ce sont des histoires qui se sont incorporées au patrimoine collectif historique du fait d’avoir été répétées et transformées au cours de ses répétitions successives et par les moyens desquels chaque société essaie de comprendre à la fois comment elle est faite, les rapports de ses membres avec le monde extérieur, et la position de l’homme dans l’ensemble de l’univers.» 

Le mythe a pour fonction d’amener une solution dans une situation en impasse, par l’articulation successive de toutes les formes d’impossibilité.

Le mythe vient répondre à une énigme : là où il y a un trou, un non savoir, le mythe prend sa place.

Quand Lacan va présenter dans « La relation d’objet » le cas du petit Hans, il ne le fait pas  seulement d’une manière synthétique qui pourrait rendre compte de la structure, mais il va s’inspirer de Levi Strauss pour montrer comment le travail de Hans s’apparente au travail qui s’effectue lors de la création d’un mythe.

Lacan veut désimaginariser la lecture de Freud du petit Hans et faire entrer la phobie dans le champ d’une syntaxe structurale.

Melman dira : «L’animal cheval est la présentification d’une absence structurale, d’une  instance là dans le réel, symbolique de ce qui à l’occasion est représenté comme ce qui mord, faute d’être représentatif de ce qui châtre et faute que ce soit l’instance paternelle qui vienne la représenter ».

Ce qui structure le travail du petit Hans, ce qui en somme le travaille véritablement, nécessiterait comme préalable la mise « en colonne » de ses bavardages, la mise en place d’une certaine forme de synchronie permettant de dégager certaines opérations logiques qui sont à la base de la pensée du petit Hans.

Le père via Freud donne des explications interprétatives, il donne du sens aux élaborations imaginaires de son fils.

Le mythe, dans l’analyse structurale relève du langage. Lacan lui n’est pas à la recherche de sens mais va proposer une pure combinatoire entre père Symbolique, père Réel, père Imaginaire.

Lacan n’aura pas recours à l’explication romanesque de la mise en place puis du déroulement de la phobie, mais à un jeu purement de structure qui annonce le maniement des nœuds. Le maniement de ces 3 ronds, I, R et S nous permet de ne pas trop nous perdre dans la lecture de ce cas imaginairement très riche mais aussi de comprendre comment Hans va-t-il faire pour nouer ces 3 ronds et trouver son assise subjective ?

Le mythe se présente comme une fiction (imaginaire), comme une résolution de l’impossible (réel), articulé a une structure discursive (symbolique).

Apres sa visite chez Freud, Hans va être submergé par une multitude de productions imaginaires que Lacan nomme des mythes. Nous assistons à la construction du «mythe individuel du petit Hans ».

Dans « Le mythe individuel du névrosé », Lacan dira : « Le mythe étant précisément ce qui peut être défini comme « donnant une formule discursive à quelque chose qui ne peut pas être transmis dans la définition de la vérité, puisque la définition de la vérité ne peut s’appuyer  sur elle-même, et c’est en tant que la parole progresse d’elle-même et par exemple dans le domaine de la vérité, qu’elle l’a constitue ».

« Elle ne peut se saisir, ni saisir ce mouvement d’accès à la vérité comme une vérité objective, elle ne peut l’exprimer que d’une façon mythique.»

Les fantasmes ne se ramènent pas tant à des thèmes qu’à des faits de langage, proximité, contiguïté, métonymie des mots, façon dont l’enfant s’approprie la langue mais aussi et toujours cette articulation du signifiant dans la construction du mythe individuel et collectif.

Les Signifiants ne doivent pas être lus indépendamment les uns des autres mais au contraire ils doivent être définis en articulation avec d’autres éléments signifiants sur le plan d’une série d’oppositions combinatoires.

Dans les productions imaginaires de Hans, il y a des signifiants constants, tels que le cheval, la voiture, le mouvement etc. mais ce qui est important est la configuration dans lesquels ils apparaissent. (Par exemple : il y a le cheval qui mord, le cheval qui tombe, le cheval attelé à une voiture… )

Précisons que Lacan considère l’objet phobique : le cheval comme un élément de langage c’est-à-dire comme un signifiant mais aussi comme une construction métonymique.

La langue allemande nous dit comment Hans a attrapé sa « bêtise » c’est à cause du cheval : « Wegen den Pferd » mais aussi des voitures,  » die Wägen « , attelées au cheval ou pas.

Wegen (Wägen) a ouvert la voie à la progression de la phobie des chevaux aux voitures.

« Wegen den Pferd » : à cause du cheval est à la fois homophone et homographe au pluriel de Wägen.

Le déplacement comme fait de langage, c’est à dire la métonymie, serait homéomorphe du cheval et de Hans.

Nous assistons à une transformation du mouvement en substitution (voiture qui démarre…)

Nous reconnaissons là, la construction des mythes.

Ces mythes qui se transforment de façon caoutchouteuse (Lacan parle de logique caoutchouteuse) sont-ils le même mythe ou y-a-t-il une progression, une coupure, c’est-à- dire que ce serait pas pareil au départ et à la fin, il y aurait une symbolisation de la castration ?

Ce qui est certain, c’est que cette élaboration mythique a produit pour Hans une résolution de la crise par le fait que l’installateur-plombier vient le lui dévisser et lui en donne un autre. 

Fin de la crise qui s’exprime  par l’avènement de la castration symbolique.

Les mythes de Hans mettent en place, permettent, la symbolisation de la castration.

Lacan utilise les 3 catégories de R S I  pour dire que le complexe de castration est la prise de l’imaginaire et du réel par le symbolique à savoir la sanction donnée par le symbolique à l’imaginaire de la représentation phallique et au réel de son pénis.

Quand Lacan parle de la logique de la cure du petit Hans, il y a d’une part :

– une tentative d’écrire les coordonnées permanentes, fondamentales.

– mais aussi de formaliser ce qui se dit dans la cure, le transitoire, le passager, il ne s’agit pas seulement de formaliser la structure.

Ce qui nous amène à dire que le travail de Lacan se fait sur la structure avec ses transformations.

Il y a pour Lacan une logique de la cure ; quand toutes les permutations sont réalisées, il y a un changement qualitatif. Dans « L’instance de la lettre dans l’inconscient ou la raison depuis Freud ». Lacan écrit : « Le petit Hans développe sous une forme mythique toutes les permutations possibles d’un nombre limité de signifiant.»

Ce que l’on obtient est la solution de l’impossible, à savoir que la démonstration qu’apporte la cure relève de la démonstration par l’absurde, elle se conclut par un « ce n’est pas le cas posé dans l’hypothèse ».

Il s’agit d’une transformation de l’impuissance en impossible.

La cure de Hans est un processus de symbolisation du phallus : passage du phallus imaginaire au phallus symbolique.

Rappelons que l’apparition de la phobie coïncide avec l’apparition du phallus comme réel.

La logique de la cure se confond avec l’élaboration de la métaphore paternelle (le pouvoir symbolique de son père se substitue au pouvoir imaginaire de la mère).

Hans élabore un Nom-du-Père, le symptôme viendrait-il en place de Nom-du-Père?

Pourquoi Lacan dit que la métaphore paternelle se construit de façon oblique, déviée ? 

Au lieu d’accéder au Nom-du-Père, Hans dédouble la mère entre sa propre mère et la mère du père, celle qui fait autorité, celle qui fait la loi au père.

Double mère formule de la métaphore paternelle, déviée quand il n’y a pas de forclusion du Nom-du-Père (Hans n’est pas psychotique) et quand la transmission du Nom-du-Père ne semble pas passer par le père réel.

Double mère est une invention qui permet à l’enfant une espèce de dérivation féminine du Nom-du-Père.

Avec Lacan, nous passons de la structure ternaire freudienne du complexe d’œdipe à la structure quaternaire lacanienne du schéma L.

Déjà dans le mythe individuel du névrosé, le schéma L est en gestation ainsi que dans  « Le  moi dans la théorie freudienne et dans la technique de la psychanalyse ». Lacan va tenter d’utiliser le schéma L  pour formaliser le changement de position subjective d’un point de vue clinique.

Les places sont fixes et les relations entre les places sont constantes mais les termes qui occupent ces places changent ; il y a donc une permutation des termes qui amèneront des variantes.

On repère bien ici  l’influence de Levi- Strauss sur Lacan dans sa recherche d’une élaboration structuraliste.

Le schéma L sert à présenter le circuit de la parole pour un sujet mais aussi à faire fonctionner une structure à plusieurs personnage (cf. Marc Darmon : « La reprise topologique des cinq psychanalyses »).

« Tout se passe comme si les impasses propres à la situation originelle, à savoir ce qui n’est pas résolu quelque part, se déplaçait dans un autre point « schéma L » du réseau mythique, se reproduit toujours en quelque point » Lacan : « Le mythe individuel du névrosé ».

(Dédoublement de la mère : Hans reproduit par l’attachement à sa mère, le propre attachement du père à sa propre mère.)

(Dédoublement du père : père réel et père symbolique : Freud)

Le schéma L est une première topologie de Lacan : on est dans une représentation topologique de l’inconscient.

(Décrire le schéma L avec l’axe imaginaire a-a’ traversé par l’axe symbolique a – s avec des lignes pleines et des pointillés.)

Il s’agit d’une bande de moebius avec un dessus et un dessous.

Dans cette double coupure proposée par Lacan, il y a une opposition entre une interprétation par l’équivoque et une interprétation par le sens.

Une interprétation par le sens est une interprétation phallique; l’interprétation par l’équivoque relèverait de la structure de la bande moebius qui est celle d’une coupure.

Dans la cure du petit Hans, Freud, le professeur comme l’appellera Hans est en place de pédagogue : il sait, il possède un savoir qu’il assène à Hans et, à travers le père, lui fera des interprétations au niveau du sens.

Cette unique intervention de Freud qui met en place le futur antérieur est instructive.

Pendant l’entretien, Hans dit à son père : « Pourquoi tu dis que j’aime maman, alors que c’est toi que j’aime ». Il dit aussi à son père qui affirmait ne l’avoir jamais battu : « Mais si, tu m’as battu, ça doit être vrai.»

Nous pouvons dire que Hans se situe dans le symbolique et l’énoncé freudien s’entend à deux niveaux :

– d’une part, la fonction structurante de ce dire freudien.

– d’autre part la signification qu’il engendre.

Le rêve du plombier qui vient lui en mettre un plus beau, plus grand, laisse entendre que les paroles de Freud pouvaient être entendues comme un dire, et que Freud et son père ont fini par occuper la place du mort dans le transfert, ce qui a permis à Hans de faire son bout de chemin, d’écouter son inconscient parler dans ses rêves.