Une clinique de la temporalité ? 

IL ÉTAIT UNE FOIS … UN PÈRE

Josiane Froissart
 
Qu’est-ce donc que le temps ?

Le concept de temps est pluriel, il est multidisciplinaire, de l’univers scientifique, au vécu psychique en passant par les normes sociales, l’expression est si courante, si familière qu’on ne la remarque même plus : « Je n’ai pas le temps, le temps presse, se donner du temps…… Jusqu’aux poètes : « A la recherche du temps perdu » « Le temps retrouvé » « Ô temps suspend ton vol ».

Qu’en disent les grands penseurs ?

Qu’est-ce que le temps ? « Si personne ne me le demande, dit Saint Augustin, je le sais ; mais si on me le demande et que je veuille l’expliquer, je ne le sais plus. Pourtant, je le déclare hardiment, je sais que si rien ne passait, il n’y aurait pas de temps passé ; que si rien n’arrivait, il n’y aurait pas de temps à venir ; que si rien n’était, il n’y aurait pas de temps présent. »

« Comment donc, ces deux temps, le passé et l’avenir, sont-ils puisque le passé n’est plus et que l’avenir n’est pas encore ? Quant au présent, s’il était toujours présent, s’il n’allait pas rejoindre le passé, il ne serait pas du temps, il serait l’éternité. Donc, si le présent pour être du temps doit rejoindre le passé, comment pouvons-nous déclarer qu’il est aussi, lui qui ne peut qu’être qu’en cessant d’être ? Si bien que ce qui nous autorise à affirmer que le temps est, c’est qu’il tend à n’être plus » Saint Augustin Les Confessions XI.

Ce que nous pouvons retenir de cette longue citation c’est que, quelle que soient les théories que nous élaborons pour donner réponse à la question même du temps, nous engendrons toujours un non-savoir.

Cette question du non-savoir, nous nous y référerons et la reprendrons plus longuement par la suite.

Quant à la temporalité, qui n’est pas le temps des physiciens, nous pourrions la définir comme le temps vécu par la conscience, celui dont nous faisons l’expérience et qui déploie à partir du présent, un passé et un futur. La temporalité exige la structure du langage.

« Le temps, dit Merleau-Ponty, n’est pas un processus réel, une succession effective que je me bornerais à enregistrer. Il naît de mon rapport aux choses, » et j’ajouterai aux autres.

La temporalité se déplie dans un espace temporel donné offrant un système de repères à un sujet, (comme l’esprit humain a l’expérience du temps sans en avoir la représentation, il se représente nécessairement le temps au moyen d’images spatiales).

Ce sont les dates qui créent l’écart donc l’espace.

Dans un livre récent « Je ne reverrai plus le monde » Ahmet Altan parle de sa rencontre avec le temps alors qu’il est en prison, avec ce temps qui n’existe plus et qu’il est obligé, pour survivre, de réinventer. Je vous laisse découvrir ce livre.

Comment les enfants appréhendent- ils le temps ?

C’est par la mise en place du circuit pulsionnel que l’enfant va entrer dans la temporalité.  

Tout d’abord, l’enfant est l’objet du désir parental et c’est la mise en place du circuit pulsionnel qui lui permettra le passage d’objet au statut de sujet de sa parole, et lui permettra de prendre sa place en s’inscrivant dans une filiation.

Les trois temps de la pulsion (par ex : regarder, se regarder (une partie de son corps propre, se faire regarder, se faire voir) conduisent à la naissance du sujet.

Le temps est lié à une conjugaison des pulsions.

On peut tout de suite dire que l’absence du 3ieme temps de la pulsion dans l’autisme et la psychose, a de graves répercussions.

Remarquons que Lacan se réfèrera à la pulsion pour parler du temps logique.

Pour parler de la mise en place d’un sujet de la parole nous sommes bien obligés d’en passer par la diachronie même si tous les éléments que nous avançons s’interpénètrent synchroniquement.

Le repère lacanien du stade du miroir nous permet de distinguer :

 Un temps préspéculaire où les limites corporelles ne sont pas en place, où le moi n’est pas constitué, c’est le temps d’avant la temporalité.

 C’est le fondement du pulsionnel comme cause du désir. L’enfant cherchera à se faire l’objet du regard du grand Autre maternel et à y lire l’investissement phallique.

 L’enfant avant d’être un sujet de la parole, tient un discours sans paroles : vocalismes, lallations…(la lalangue).

– Et un deuxième temps, le temps spéculaire, le stade du miroir proprement dit vers 6 mois, où l’assomption jubilatoire de l’image du corps, de l’image de soi, bref de l’unité corporelle se réalise.

Le stade du miroir est à la fois une opération logique et une jubilation instantanée, fulgurante.

Moment crucial qui permet grâce à l’anticipation, l’articulation entre le présent, le passé et le futur et la mise en place d’une chronologie.

    L’enfant psychotique s’en sort mal avec le miroir, la temporalité n’a pas été vécue, La temporalité subjective moïque lui échappe.

Nous sommes dans une logique d’atemporalité. C’est au réel que l’enfant psychotique est confronté. La relation imaginaire à l’autre ne se faisant pas, nous « sommes confrontés à un intemporel du langage qui ne trouve pas d’origine ». Comment l’enfant va se subjectiver dans le temps, comment va-t-il se confronter aux questions du sexe et de l’origine, de la mort, de la généalogie, etc.

Les questions de l’enfant telles que : « J’étais où avant de naître ? » « D’où je viens ? » « On va où quand on est mort ? » sont abordées au travers de la construction de leur Théories Sexuelles Infantiles (TSI)

Les TSI et le roman familial que nous repérons dans la clinique des très jeunes enfants permettent au sexuel de trouver un lieu d’invention et d’expression fantasmatique.

De nos jours les parents de plus en plus s’empressent de répondre de façon rationnelle, scientifique aux questions de leur enfants venant contrarier toute élaboration fantasmatique à ce sujet.

Le cas de Freud, « Le petit Hans », est très instructif : comment aborder la question de la différence des sexes ?

Hans a la réponse qui confirme l’hypothèse de la présence du pénis chez tout le monde, fille comme garçon « T’inquiète pas- dit-il à Hanna-il va grandir » « Ce n’est juste qu’une question de temps ».

L’abord de la différence des sexes comme celui des origines est lié aux pulsions et le fantasme varie selon la pulsion en question. On fait un enfant en s’embrassant sur la bouche (pulsion orale) ou en déféquant (pulsion anale) par ex.

Tel est ce non-savoir « il n’y a pas de rapport sexuel » auquel supplée les théories sexuelles infantiles.

 Pourquoi un enfant est-il amené à inventer un roman familial, à réécrire son histoire, une histoire secrète qui lui permette de retourner à l’origine ?

Après avoir voulu être semblable au parent du même sexe, l’enfant veut s’en débarrasser en lui en substituant un autre. Il devient étranger à cette famille.

« Le roman familial actualise un écart et une distance à parcourir entre un père réel et un père idéal » cf. S. Le Poulichet « L’œuvre du temps en psychanalyse ».

Mais l’écart et la substitution d’un père idéal à un père réel produit la nostalgie de ce qui n’était pas, engendre la construction d’un mythe, d’un arrière temps mythique (il était une fois un père…) « Pour Freud, le roman familial permet un travail de détachement et une mise en opposition des générations».

Le roman familial met en place trois temporalités :

– le réel actuel.

– le possible idéal.

– l’arrière temps mythique.

L’origine est un lieu vide et il sera recouvert par les TSI et le roman familial et plus généralement sur le plan culturel par les mythes qui instaurent un temps primordial,

Le mythe est important dans l’œuvre de Freud et en écoutant ses patients adultes, il va élaborer les TSI qui vont nous permettre de comprendre les mythes en établissant une correspondance entre le matériel inconscient et les mythes,

Là où il y a un trou, un non savoir, le mythe prend sa place.

Hans se sert d’instruments logiques pour élaborer ses constructions mythiques.

Le mythe se définit comme un modèle logique qui permet de résoudre une contradiction cf. Lévi Strauss.

L’analyse du petit Hans va montrer qu’à un moment bien précis de son analyse, la seule et unique intervention de Freud (« Bien avant qu’il ne vint au monde, déjà j’avais su qu’un petit Hans naitrait un jour, qui aimerait tellement sa mère qu’il serait forcé d’avoir peur) va amener des changements dans l’appréhension que Hans a du temps, temps qui n’est plus linéaire, (B. Vandermersh a bien traité cette question).

Il y a une mise en place d’une temporalité avec une logique du futur antérieur : déjà…pas encore, (ce qui doit advenir est déjà là).

« Tu sais, elle était déjà au monde même quand elle n’était pas encore là »

Les mythes construits par Hans mettent en jeu une temporalité où ce qui n’est pas encore est déjà là et cette progression mythique va lui permette de sortir de sa phobie.

 Freud met en place un ordre temporel où ce qui doit advenir dépend d’un déjà là.

Cette structure temporelle participe donc d’un Grand Autre auquel le sujet peut se repérer et qui peut répondre à sa question : « D’où je viens ? » « Que me veut l’Autre ? Comment veut-il que je sois ? ».

« Ce qui se réalise dans mon histoire n’est pas le passé défini par ce qui fut, puisqu’il n’est plus, ni même le parfait de ce qui a été dans ce que je suis, mais le futur antérieur de ce que j’aurais été pour ce que je suis en train de devenir » Lacan in Ecrits p299-300.

Freud dira que l’inconscient est hors temps.

Les processus inconscients ne sont ni ordonnés temporellement ni modifiés par le temps qui passe : ils n’ont aucune relation au temps, ils sont atemporels et s’articulent autour du temps logique tel que Lacan le définit dans « Le temps logique et l’assertion de certitude anticipée », ce temps logique s’étaye sur le signifiant et rend compte de l’incidence du langage sur le corps.

Rien à voir avec le temps chronologique, le temps linéaire.

Dans cette expression « Wo Es war, soll ich werden » Freud suppose un avant et un après, mais un avant qui ne se révèle que dans l’après, une première fois qui ne se révèle que dans la seconde fois (le refoulé n’est présent que dans son retour).

Dès que l’enfant parle, il utilise avec délice et malice cette langue du temps. Il sera très influencé par ce que ses proches ont pu lui raconter (contes…comptines, chansons etc.) Il les reprendra en les faisant siens et en utilisant principalement les temps de conjugaison tels que le passé simple, le conditionnel : « On dirait que je serais la maman et toi tu serais le bébé ».

Très tôt (18mois) l’enfant va faire objection à ce que l’Autre lui demande. C’est un NON d’opposition.

Mais ce qui revient de l’Autre c’est fondamentalement NON.

Pour que le temps du désir advienne, il faut qu’à la demande, on n’y réponde pas.

A l’école maternelle, on apprend aux enfants l’accès au temps. Celui-ci peut s’appréhender intuitivement comme se déroulant selon le principe qui lie la cause à l’effet ou selon un ordre chronologique.

Un enfant pourra dire : « je mange, je me lave les dents, je vais me coucher et maman vient me raconter une histoire » en réponse à la question, « Quand vas-tu te coucher ? »  

L’enfant vers 3-4 ans est capable dans un récit de coordonner des événements entre eux dans une succession temporelle grâce à un système avant/après quand on leur pose une question : (« Quand vas-tu au lit ? ») ou bien quand ils doivent anticiper des événements à venir. Minkowski in « Le temps vécu » rapporte un souvenir. 

Il accompagnait chaque matin son fils à l’école : ils prenaient ensemble le petit déjeuner, lui fumait une cigarette puis se rendaient ensemble à l’école. Un jour, il dit à son fils, qui prenait son petit déjeuner, de se presser car ils allaient être en retard et celui-ci lui répondit « Mais papa nous ne pouvons pas être en retard, tu n’as pas encore fumé ta cigarette ».

Très tôt le jeu va entrer dans la vie de l’enfant.

Agamben dans son livre « Enfance et histoire » dira :

« Les enfants, ces brocanteurs de l’humanité jouent avec toute antiquaille qui leur tombe sous la main. Tout ce qui est vieux peut devenir jouet, indépendamment de son origine ».

Tout objet qui n’est pas sorti de l’usage par ex une voiture, un piano, une cuisinière se transforment en jouet grâce à la miniaturisation.

« Ce que le jouet conserve de son modèle, ce qui survit de lui, dit-il ce n’est rien d’autre que la temporalité humaine, dont il est le réceptacle, sa pure essence historique ».

« Le jouet transforme en signifiants d’anciens signifiés ».

« C’est avec l’histoire que les enfants jouent et cette histoire n’a pas pour objet la diachronie mais l’opposition entre diachronie et synchronie qui caractérise toute société humaine et réciproquement ».

L’enfant n’a pas accès au réel du temps à son irréversibilité. Dans ses jeux, les morts ne sont pas morts pour de vrai, on les tue et ils ressuscitent.

Le fait que la vie soit envahie par le jeu a pour effet une transformation et une accélération du temps

Est-ce que l’analyse d’Agamben tient encore aujourd’hui où nous sommes dans l’ère du « tout, tout de suite » ? La temporalité est ponctuelle pourrions-nous dire. Les enfants ne peuvent plus attendre. D’ailleurs force est de constater que les enfants (à part les très jeunes enfants) ne jouent plus avec les mêmes jouets qu’autrefois tels qu’en parle Agamben, les jouets n’ont plus d’histoire, ils se réduisent aux nouveaux jeux de la tablette.

Il y a quelques jours je lisais un article dans le monde qui s’intitulait « Dépêche- toi !!! » ou inversement ce sont les parents et non plus les enfants qui sont dans l’urgence de tout en voulant faire rentrer leurs enfants « dans le moule de nos urgences préfabriquées en leur imposant au quotidien une dictature de l’horloge ». Ce que C. Dolto qualifie de « maltraitance temporelle ». Dépêche-toi de manger ta soupe, de faire tes devoirs et même en ajoutant une petite dose de culpabilité : « A cause de toi on va être en retard chez le dentiste »                   

Nous allons maintenant aborder les phénomènes cliniques liés au temps : Symptôme, passage à l’acte, acting-out, traumatisme, névrose phobique, névrose obsessionnelle, dépression.

Quand nous écoutons les enfants nous dire leurs rêves, leur cauchemar, leurs questions sur les générations, nous entendons qu’ils sont travaillés par la mort.

Un enfant déprimé de 7 ans me dit : « A quoi ça sert de vivre puisque je vais mourir ? » ou bien cette fillette de 4 ans qui refuse de grandir, qui a peur de grandir « parce que, dit-elle je vais après mourir », ou bien, une petite fille de 4-5 ans demande « On va où après la mort ? » Cette dimension de la mort est prise en compte par la psychanalyse à travers le concept de pulsion de mort.

Dans la clinique avec les adolescents, fréquents sont les phénomènes temporels.

Prenons l’acting out et le passage à l’acte par exemple.

L’acting out est une mise en scène, une monstration-précipitation adressée à l’autre afin d’obtenir une réponse, voire une interprétation.

C’est une réponse sans parole à ce qui ne peut pas être pensé ni dit, C’est une énigme pleine de sens adressée à l’autre.

L’acting out n’est pas de l’ordre du signifiant mais de l’ordre du signe, il fait signe à quelqu’un.

C’est une production de l’inconscient tenant lieu de remémoration qui se joue dans la réalité. L’analysant devient actif et met en scène le discours qui le mettait en scène.

Nous sommes au temps logique de voir.

Dans la mesure où c’est une adresse à l’autre le travail de l’analyse va permettre d’introduire le temps de comprendre.

L’acting out n’est pas un saut dans le réel, comme le passage à l’acte, son discours s’adresse à un autre.

J’ai déjà parlé de cette adolescente qui accompagne sa copine dans sa fuite. Elle est alors embarquée dans un cercle infernal et pendant plusieurs jours poursuit avec sa copine sa fugue. Les parents ont fait un signalement, elles sont finalement retrouvées et au moment où ses parents viennent la chercher, elle saute par la fenêtre. Elle dira au cours de l’hospitalisation « J’ai réalisé qu’ils ont pu penser avoir perdu leur seconde fille comme ils avaient perdu leur première fille ».

Elle est identifiée à la sœur morte dans le regard maternel.

Dans ces acting out, elle cherche à ne pas être là où elle est attendue par l’Autre comme objet.

A travers ses fugues subsistent la relation objectale alors que dans sa défenestration, son identification à l’objet « a » conduit au passage à l’acte qui ne lui laisse plus aucune chance.

Le discours du passage à l’acte s’adresse à l’Autre avec un grand A.

Si nous voulions définir le transfert en le replaçant dans le thème de nos journées, nous dirions que le transfert c’est le temps.

Il y a certaines situations traumatiques qui peuvent arrêter le temps, détruire le temps dans les images, faire arrêt sur image avec des effets de sidération et projeter le sujet hors du temps,

Je pense au peintre Edward Hopper mais aussi à ce peintre danois Hammershoi qui ont su très bien rendre compte de cet arrêt sur image, de cet univers immobile suspendu dans l’espace et le temps dans un contexte chargé d’Unheimlich.

S. Le Poulichet évoque Blanchot dans « Le livre à venir » qui rapporte un souvenir de Proust quand il marchait sur les dalles inégales de Guermantes et que tout à coup c’est ce même pas qui trébuche sur les dalles du baptistère de Saint Marc. Le temps est alors aboli : il n’y a plus un évènement passé et un évènement présent mais une même présence.

Le Sa traumatique fait table rase du temps et se répète sans fin. Il est hors-temps.

Tel cet ado qui retrouve sa mère morte dans son fauteuil à son retour du lycée alors qu’il l’avait quittée le matin même en pleine forme.

L’expérience traumatique de la rencontre avec la mort fait surgir un réel jusque-là masqué par l’écran du fantasme. Réel qui soudain mis à nu provoque l’effroi, laissant le sujet aux prises avec un irreprésentable qui ne peut s’inscrire dans aucune chaîne signifiante

Le trauma est un trou (troumatisme dira Lacan) dans le temps où l’événement n’a pas constitué ou a perdu son texte, « c’est l’ouverture du trauma dans la cure par une levée des identifications qui déclenche un temps réversif par lequel le passé viendra de l’avenir pour s’inscrire dans l’histoire » cf. Le Poulichet in « L’œuvre du temps en psychanalyse ».

L’acte incestueux est vécu comme traumatique pour la victime, quelque chose d’irreprésentable, pas de mots pour en parler sauf pour dire qu’à chaque fois c’était la mort qui surgissait.

Le temps chez Lacan est un temps de l’avenir, la cause est à venir cf. G. Cacho.

Winnicott a parlé de ce qu’il appelle la crainte clinique de l’effondrement et qui est la « crainte d’un effondrement qui a déjà été éprouvé » a déjà eu lieu, et que le patient cherche dans le futur.

Pour aborder la question du temps dans les névroses, revenons à Hans.

La phobie dresse une image, « du cheval qui mord quand Hans le voit » c’est-à-dire qu’il y a une image qui spatialise le temps.

Quant à la névrose obsessionnelle, il y a une maîtrise du temps et du même coup de la mort par des mécanismes d’annulation, de procrastination etc.

La temporalité freudienne se réfère au champ diachronique, le temps de la remémoration. Mais le temps freudien n’est pas que rétrograde car comment alors pensé la question du Nachträglich, de l’après-coup, certains événements, expériences apparemment neutres vécus dans le passé, peuvent être réveillés et réinterprétés à l’occasion d’un nouvel événement, C’est le cas du traumatisme.

L’après coup dans sa rétroaction sur le passé, inverse la flèche du temps et le principe de causalité. La cause est dans l’avenir.

Pour Lacan, les manifestations qui émergent de l’inconscient instaurent une discontinuité (ouverture et fermeture de l’inconscient) et s’articulent sur le temps logique construit à partir du signifiant et qui amène le sujet à un temps pour comprendre.

Le temps de Lacan est celui de l’avenir.

« Le temps psychique n’est-il pas celui qui procède de la répétition de ce qui n’existe pas encore réellement ou celui qui produit son propre antécédent en le répétant » cf. Le Poulichet in « L’œuvre du temps en psychanalyse ».

« L’histoire n’est pas le passé. L’histoire est le passé pour autant qu’il est historisé dans le présent parce qu’il a été vécu dans le passé » S. Le Poulichet.   

 

– Auteur : FROISSART Josiane  
– Titre : Il était une fois …un pére.  
– Date de publication : 06-03-2020
– Publication : Collège de psychiatrie
– Adresse originale (URL) : http://www.collegepsychiatrie.com/index.php?sp=comm&comm_id=193